Quelques témoignages :
Jacques Archambaud, directeur du port Olonna, aux Sables d’Olonne
« J’ai toujours considéré que la cause en valait la peine. Je partage les valeurs humanistes de grand largue à titre personnel, aider des enfants déshérités, délaissés, en difficultés dans la société ; et je considère par ailleurs que c’est aussi la vocation du port et de sa capitainerie que de soutenir cette opération, en libérant des places de port pour les navires extérieurs, en mettant à disposition le club house notamment ; et cela n’a pas toujours été facile, le port des sables accueille de nombreuses manifestations, il nous fallait souvent jongler, trouver des solutions.
En trouvant des solutions de repli lorsque la météo faisait défaut….
Et puis rapidement s’est noué, entre l’équipe d’organisation de grand largue et l’équipe du port des relations de confiance de respect et de convivialité.
Très vite nous avons perçu le professionnalisme, le sérieux des encadrants, derrière la convivialité et l’humour ; tant des éducateurs que des marins.
On sentait que les skippers faisaient cela pour faire plaisir aux gamins. Il faut préciser également que l’organisation bien rodée de l’équipe grand largue, donnait une belle image du port auprès du public… ce n’est pas qu’un lieu pour initiés, c’est aussi un espace pour ces enfants-là.
Je me souviens d’un gamin qui en quelques mots m’a raconté son histoire ; m’a dit son étonnement que le directeur du port des sables d’Olonne s’intéresse à lui… Ce gamin m’a ému, m’obligeant à la question.. Qu’est-ce que je peux faire pour lui ? J’ai compris l’importance d’un regard d’une attention….
En tous cas pour moi c’était le sentiment de participer à une belle opération, avec une équipe sympathique. Et le bonheur des gamins le dimanche soir au retour de l’ile d’Yeu se lisait sur leurs visages. On est riche de ce que l’on donne aux autres »
Eric Giboint, sous-officier de la Gendarmerie Maritime
« Ce fut pour moi une grande joie et une fierté certaine que d’accompagner ces navires arborant dans leur mâture cette flamme A.I.G.L.
Pourtant…
Je dois l’admettre humblement, lorsque pour la première fois, je reçus de mon commandement l’ordre très laconique d’accompagner et d’assurer la sécurité d’un groupe de navires transportant des « enfants en difficulté », j’ai vraiment manqué d’enthousiasme. En effet, victime de mes préjugés, je me suis interrogé sur l’opportunité de notre présence parmi des jeunes que j’imaginais relativement hostiles à toute forme d’autorité.
Néanmoins, mes inquiétudes furent rapidement levées et d’année en année notre participation à l’opération s’est imposée tout naturellement sans ambiguïté ni équivoque quelconque. Et, au fil des années, des amitiés se sont liées. En effet, je conserve de magnifiques souvenirs de nos opérations. Je me souviens notamment de cette édition qui eut lieu alors que notre vedette était en panne et que nous avons suivie à bord d’une vedette de l’organisation, ou encore de cette année où le mauvais temps nous contraint de trouver une solution de repli sur port des Sables d’Olonne.
Et puis et surtout, mes souvenirs me ramènent aux personnes : Pierre, Valérie, Joël, Roger, Michel Laurent et son inséparable Jacques Lebourgeois et encore bien d’autres. Que ceux que j’oublie de citer me le pardonnent. Comment ne pas se souvenir de ces arrivées à Port-Joinville au son de la trompe de chasse de Michel Le Corre. On pourrait encore évoquer de nombreux souvenirs, mais voici l’essentiel que je retiens de ces moments où j’ai eu la chance et le bonheur d’être parmi vous. »
Claude, un skipper
« Dans les premières années un seul parcours: Pornichet-Ile d'Hoédic et retour. Sous le patronage de Tabarly qui arrivait avec le Penduick, un voilier en bout de ponton, fin et racé, élégant et puissant.
Lors d'un breefing de départ on dit à Eric Tabarly et autres skippers; la flamme de Grand Largue sera fixée dans le pataras. Tabarly: "je n'ai pas de pataras. On dit encore : VHF sur le 72. Tabarly: je n'ai pas de VHF. Néanmoins Pendhuic s'envole en tête de flotille.
Le surlendemain au retour à Pornichet, débrifing suivi d'un pot sur la terrasse d'un café. Les skippers autour d'une table ronde. Tabarly, le taiseux n'ouvre pas la bouche. Personne ne rompt ce silence de plénitude après l'expérience de ces deux jours. Au bout d'un moment Tabarly se lève et entonne d'une voix bien timbrée une chanson bretonne "La fille de Méaban". On ne peut qu'être sous le charme. Tabarly se rassoit sans un mot. Silence à nouveau. Tout le monde se sentait bien autour de l'immense personnage, avant de reprendre la mer ».
Témoignages des jeunes
« Il faut naviguer ensemble pour mieux se comprendre et surtout ne rien oublier de ce qui vient de se passer. »
« Y a rien qui ne soit toujours pareil. Même le soleil. »
« Une ambiance extra et une ambiance à volonté. Y’avait pas de soleil. On a rien compris, les mystères du monde marin. »
Lettre de Marie Jeanne Educatrice devenue administrateur de Grand Largue par conviction
Chouette un week-end « Grand Largue » !
Qu’est-ce que c’est ?
D’abord, il faut convaincre, le Chef de Service ou la hiérarchie, de notre projet. Ensuite, si le « vent » est bon, informer les jeunes de l’opportunité de vivre un week-end à la mer, sur un voilier. Il est important que les jeunes soient volontaires et s’impliquent dans ce projet.
L’organisation Grand Largue propose 9 lieux d’accueil, 9 ports sur la côte ouest. Quels seront les critères de choix ? Cela appartient à l’équipe éducative selon la distance, les dates proposées, la découverte d’un site particulier, la participation des années précédentes… Puis, il faut s’inscrire dès l’ouverture du site, car les demandes sont nombreuses.
Ensuite, il faut contacter le skipper, seulement quand nous sommes informés sur quel bateau nous serons. Ce premier échange est important, pour créer le début d’une relation qui s’annonce intense durant l’aventure.
Préparer le week-end, c’est rassembler dans un sac ses effets personnels, toilette, vêtements chauds, duvet. Puis, penser à « l’avitaillement », terme marin pour exprimer les vivres, victuailles, nourriture, pour deux petits déjeuners, deux déjeuners, un dîner pour le nombre de personnes sur le voilier : les jeunes, l’éducateur, les skipper et co skipper. Faire preuve d’originalité dans les menus n’est pas exclu. Il est bon d’associer les jeunes à ces préparatifs autant que possible.
Le jour « J » arrive. Certains jeunes sont angoissés du changement de lieu de vie, par l’inconnu… Dormir sur un bateau, comment ça se passe ?
A terre, dès l’arrivée au port, de nombreux adultes sont là, autour du pot d’accueil puis au moment des briefings… Les jeunes sont très entourés. Voilà des personnes, toutes bénévoles, sauf leurs éducateurs, à leur disposition, pour agrémenter le week-end, et c’est autant de possibilités d’échanges, de repères. Chacun est heureux d’être là, de participer, de donner du plaisir à ces jeunes, en souffrances familiales.
Naviguer c’est l’inconnu pour nombre de jeunes et même des éducateurs. C’est obéir au skipper et son co skipper. C’est se retrouver dans un espace exigu. Nos jeunes sont parfois gênés par trop de proximité. A la fois, c’est sécurisant ce voilier « contenant et protecteur » sur la mer. A la fois, c’est angoissant quand il est secoué par les vagues, quand il gîte, plus ou moins, selon la météo bien sûr.
Le vocabulaire des marins est très spécifique. C’est au Skipper de confier quelques tâches de navigation aux jeunes. Quelle fierté, alors, de barrer le voilier en respectant les consignes, de réaliser d’autres manœuvres !
Nos jeunes, souvent allergiques aux contraintes, aux règles, sont dans un environnement ou la mer, la météo, le skipper, fixent le cadre indispensable à la sécurité de tous. Ils prennent conscience des responsabilités de chacun pour la bonne organisation de ce week-end / cadeau.
Grand Largue c’est la rigueur et la chaleur :
- Rigueur pour la sécurité à terre, en mer, à tous les moments partagés.
- Chaleur, convivialité, humour : les responsables et tous les participants ont à cœur de veiller au bien-être des jeunes.
Si des tensions apparaissent entre jeunes ou avec des adultes, le RO, responsable d’opération, est réactif dans l’instant. Les décisions sont prises, sans tarder, pour la sécurité de tous.
Ce week-end laisse des souvenirs exceptionnels aux jeunes ainsi qu’à tous les adultes participant à l’opération. Tous ces moments partagés sont intenses et augmentés lors de la fête du samedi qui réunit tous les équipages, parfois la SNSM, la gendarmerie maritime, les responsables du port… Les animations chantées, dansées, en scènètes ou autres, selon la créativité des jeunes, des éducateurs... laissent des émotions fabuleuses. Merci à tous les animateurs improvisés qui nous ont surpris sur certaines opérations. L'imagination est décuplée quand le cadre est favorable à l'inventivité.
Que d’adultes présents sur ce week-end : que de références identitaires possibles pour ces jeunes trop souvent déçus par les adultes, ayant perdu confiance en eux et dans la vie.
Les week-ends Grand Largue « nourrissent » nos jeunes sur un plan humain, relationnel, moral, technique, maritime, culturel... Plusieurs années après, ils ont des anecdotes à raconter. Certains ont la chance de vivre plusieurs week-ends avec Grand Largue.